Sillon...
Il y a celui que tu laisses lorsque tu marches. Est-ce ton pas qui laisse une impression, une présence? Est-ce l'odeur de ton parfum qui demeure un instant, subtil et entêtant, comme si le temps s'étirait pour perpétuer ton passage? Il y a celui qui me traverse lorsque je pense à toi, lorsque je te regarde. Il se tend en moi, emportant mes émotions, déchirant ce qui a trop longtemps été mon être. Il y a celui que mon regard trace sur toi lorsque tu me sens détailler tes courbes, tel un laser lisant une piste pour en extraire toute la musique qu'elle contient. Il y a celui que trace mon doigt quand il caresse ta peau douce et chaude, au-delà de laquelle ta chair se contracte pour suivre la caresse, l'accompagner. Un sillon chaud sous ta peau où ton corps et ton âme se lient pour crier famine. Il y a celui où j'aime me perdre, courant de ta nuque à ton sexe. Je m'y perds, j'y perds toute lucidité lorsque je le longe et le traverse de tout mon corps et de toute mon âme. Il y a celui qui résume chacun de ces fantasmes, celui qui matérialise la violence de mon désir sur le mur carrelé de la douche, hommage diaboliquement concret au corps qui me torture de son absence, comme jailli de la baguette d'un magicien qui prononce ton prénom comme formule magique.
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